Abandonnements (2022)

J’ai produit depuis quelques années un ensemble d’images que je regroupe sous la notion d’abandonnement. Elles réfèrent au temps qui passe, aux lieux négligés, aux personnes délaissées. La période de confinement amorcée au printemps 2020 a accéléré mes réflexions sur l’occupation du territoire, la portée du temps arrêté et la fragilité de l’instant.

À Montréal, dès les premiers jours, j’ai marché dans mes quartiers pour constater l’effet des fermetures des lieux. Les rues désertes et les commerces vacants de plus en graffités et salis, sont apparus comme un microcosme de la condition urbaine, sociale, et humaine, nous rappelant que rien ne dure.

Dans son étymologie, le terme « abandon » signifie littéralement « au pouvoir de ». Le verbe abandonner qui en découle signifiant l’action de quitter, de cesser de s’occuper, de livrer au pouvoir de… La notion est complexe, car elle comprend à la fois l’action d’abandonner, mais aussi celle de s’abandonner. Il en va ainsi : terrains abandonnés, citoyenneté abandonnée, et personnes qui s’abandonnent en toute confiance au portrait photographique.

L’ensemble du corpus regroupe une centaine d’images de lieux et de personnes qui fonctionnent la plupart en diptyques. Les séries sont agencées selon leurs correspondances esthétiques, narratives et conceptuelles. Ce thème porteur de l’abandon se déploie autour d’axes temporels et spatiaux.